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Eden's words

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Chapitre 25

Publié par Emma et Gabrielle sur 7 Juin 2014, 09:17am

Catégories : #Exclude(a)d

Bonjour à tous! Contrairement à Emma, je n'ai pas encore fini de tout publier mon roman. Mais bon, vous avez dépassé la moitié, promis :)

Bonne lecture!

~~Des chariots et. des luges étaient tirés, poussés. Quelques hommes étaient présents, prêtant main-forte à leurs compagnes ou à leurs aïeux. A présent, le peuple Kaelis était en marche. Marica, derrière avec son groupe, portait des sacs sur son dos, réfléchissant. Elle voulait se battre. Le problème était qu’elle ne le pouvait pas. Une bise glacée soufflait du nord, un blizzard s’installait et des flocons de neige fouettaient ses cheveux et son visage. Des petits gémissaient. Certains avaient perdu leur famille dans la bousculade. L’un d’eux avait trouvé refuge à côté de Marica, qui l’avait pris sous son aile et le tenait par la main, tout en lui promettant qu’il retrouverait sa grand-mère, qui l’accompagnait. Ils voulaient gravir la montagne, l’une de celles qui entouraient le jardin. Arrivés au chemin qui grimpait dans les hauteurs obscures, environ une heure plus tard, ils entendirent un coup sourd. Ils se retournèrent dans un même mouvement, et virent la montagne dans laquelle était contenu leur ancien abri. Des cris, distincts quoique étouffés, retentissaient, et Marica, ne sachant que faire, se balançait d’un pied sur l’autre, incertaine. Des larmes se confondaient aux flocons de neige qui fondaient sur son visage. Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas… L’homme de troupe, le dirigeant assigné à cette tâche, hurla en levant son bras :

-En avant, compagnons ! Ils s’en sortiront !

Marica déglutit et continua sa route. Elle se concentrait sur ses pas dans la neige. Quelle puérilité de s’enfuir ! Quelle impuissance !

Epauline se concentrait. Elle souffla avant de bander son arc. Elle s’accorda quelques secondes pour laisser la peur l’envahir puis la chassa de son esprit, toute déterminée. Elle tira sa première flèche. Elle atteint un des hommes du devant, qui mourut sur le coup, et tomba à terre, à une centaine de mètre d’Epauline. Elle se sentit mal. Elle avait déjà tué, mais jamais un homme. Elle resta hébétée, la bouche ouverte, désorientée. Elle vit un autre archer sur une arcade à côté d’elle lui adresser un signe de la main, lui crier quelque chose. Elle n’entendait pas. Sa voix éteinte, elle ne pouvait que laisser quelques larmes lui couler sur les joues. Elle était en état de choc. Des gens s’écroulaient autour d’elle, des amis tombaient des arcades, les ennemis s’avançaient de plus en plus, les Kaelis essayant de les éliminer au fur et à mesure, difficilement. Tout était flou autour d’elle. Soudain, elle vit son chef d’équipe descendre de son arcade, se précipiter vers elle pour quelques remontrances. Il n’avait pas vu l’homme derrière lui, prêt à lui enfoncer un épieu dans le dos. Epauline récupéra sa voix, réveillée par un vent de compréhension soudain. C’était la guerre. Elle lui cria de faire attention à l’homme qui était derrière lui, accompagna ses paroles de quelques gestes, mais il n’entendit pas. Prenant son arc, Epauline essaya de viser le guerrier Saïris mais n’y parvint pas. Il était trop près de son chef. Elle ne put qu’attendre, impuissante, le dénouement fatal. Son mentor, voyant qu’elle avait récupéré son arc, s’arrêta et sourit. Epauline, horrifiée, vit une lame sortir de son ventre, une gerbe de sang jaillir de sa bouche, un sourire figé, des yeux agrandis par la surprise. Il s’écroula sans vie sur le sol de pierre, que plus jamais il ne foulerai. -Non ! hurla Epauline, terrifiée. L’homme qui avait tué son mentor dévoila ses dents en or dans un sourire carnassier, la fixant du regard, sans pitié. Celle-ci, le choc passé, prise d’un violent accès de rage, prit son arc, et, sans hésiter, décocha sur l’homme un trait meurtrier, tout en hurlant de colère. Il mourut à son tour, à la plus grande satisfaction d’Epauline qui éprouva presque un sentiment d’allégresse. Elle n’eut depuis lors plus aucun sentiment, plus aucune pitié, ne tergiversait même plus. Elle enchaînait les flèches, essayant du plus qu’elle pouvait d’atteindre un ennemi. Les vies de tous ses amis étaient en jeu. Grognant de rage, elle fut un des plus redoutables adversaires de leurs ennemis. Ceux-ci avaient réussi à s’organiser pour ne pas se faire tuer au fur et à mesure de leur entrée dans la caverne. Ils avançaient par groupe. Ils ne tardèrent pas d’ailleurs à repérer Epauline, qui ne s’arrêtait pas, ne se reposait pas dans sa danse meurtrière. Un des hommes Saïris, depuis lors caché, sortit un poignard de sa gaine accrochée à sa ceinture, se prépara à le lancer… Mais Epauline, l’ayant repéré au dernier moment, vit Jo se précipiter vers lui, lui assener un coup de lance sur la clavicule, et l’homme s’effondrer comme une masse par terre. Jo adressa un signe de tête à Epauline, qui lui sourit. Un instant seulement suffit pour tout gâcher. Une seule seconde aurait pu tout changer. Jo cracha soudain du sang, regarda son torse, pétrifié. Epauline, glacée, vit un homme derrière lui grogner sous l’effort. Elle n’hésita pas une seconde. Elle sauta de son arcade, et, sans se soucier de toutes les têtes amies qui se tournaient vers elle, de ses ennemis qui la regardaient, avides, elle se précipita vers Jo.

Marica avait réussi à gravir un rocher particulièrement ardu à franchir, aidant le petit garçon qui avait perdu sa grand-mère. Elle s’approcha d’un homme à la haute stature, qui semblait sûr de la direction à prendre.

-Où allons-nous ?

L’homme lui jeta un coup d’œil avant de répondre.

-Un de nos anciens refuges, dit-il simplement.

Marica hocha la tête. Elle leva soudain les yeux, et émit un petit cri de surprise, sous l’œil amusé de l’homme.

-Incroyable…souffla-t-elle.

Devant elle s’étendait une ligne de piliers de fer immenses, presque majestueux, reliés par des câbles dont la forte ossature ployait sous la force du mistral. Derrière s’étendait une piste plate, qui descendait en pente raide dans des profondeurs inaccessibles. Le souffle du vent rendait la scène encore plus impressionnante, grandiose, immense. L’homme, amusé par son étonnement, se chargea des explications.

-Nous sommes dans une ancienne station de ski. Ce que tu voies, ce sont des pylônes : ils supportent des télésièges, et les gens volent dans les airs pour remonter les pistes.

-C’est extraordinaire, chuchota la jeune fille.

Son protégé, à côté d’elle, ne disait mot, reniflait de temps à autres, ne prêtant aucune attention à son environnement. Marica, au contraire, se délectait de cette vue, de ces paysages nouveaux. Elle regardait les immenses montagnes, signes de la nature victorieuse, ensevelir les technologies, l’ivresse et l’égocentrisme des hommes. Ne restait que des âmes vides, mais déterminées et silencieuses, s’avançant dans la neige blanche, unis par un seul objectif. Ils regardaient parfois autour d’eux, observaient leurs compagnons, apeurés, effrayés, attentifs ou esseulés. Ils marchaient, parcourant une longue route déjà empruntée par leurs ancêtres. La nuit semblait pleine malgré le jour qui devait naitre, les nuages virevoltaient dans la brume glauque du plafond céleste, tout en laissant deviner un infini horizon qui se serait alors dévoilé. Seulement deviné… La neige, accompagnant le blizzard, se mit à tomber. Marica, prise de l’envie soudaine de parler, interrogea :

-Le soleil ? On ne le voie plus jamais ? Et la nourriture ?

-On crée la nourriture artificiellement, comme tu as pu sûrement le constater. Les élevages de viande mangent des verdures fabriquées. La seule technologie qui nous soit restée… Les OGM, qui ne sont pas difficiles en matière de surface. Quant au soleil, non… pas depuis dix ans, à cause des fumées dégagées par les bombes atomiques. Nous vivons dans un hiver perpétuel. J’espère simplement qu’un jour, nos enfants auront la chance de découvrir la vie, le printemps, le renouveau, le soleil. Ce que nous avons vécu, sans nous en contenter. Ce que nous avons gâché… Nous étions bien naïfs, nous avions simplement pensé que tout se règlerait tout seul.

Marica resta silencieuse, tandis que l’homme marmonnait des mots sans suite, dont elle en perçu un plus particulièrement : « Irresponsables ».

Marica resta à côté de l’adulte, qui semblait assez sympathique malgré ses silences bourrus.

Quelques minutes plus tard, tandis que l’air s’était encore éclairci, le petit garçon cria :

-Mamie ! Il se précipita dans la neige, éclaboussant d’autres gens de poudreuse, qui le regardaient avec des yeux attendris. Une vieille dame près d’ici, vers qui le garçon se dirigeait, leva les yeux au ciel avant de déclarer :

-Thomas ! Combien de fois encore devrai-je te dire de ne JAMAIS t’éloigner de moi ? Mais…Que fais-tu ? Arrête ! Arrête !

Le petit s’était jeté au cou de sa grand-mère, lui enserrait la tête et l’étreignait, tout en lui donnant de gros baisers sur les joues. La grand-mère finit par rire, et s’approcha de Marica.

-C’est toi qui t’est occupée de lui ? demanda-t-elle.

-Oh, je l’ai juste accompagné, répondit celle-ci, gênée.

-Merci beaucoup. Mon petit-fils est assez lunatique, ne t’inquiètes pas si parfois tu le voie errer sans but quelque part. Ramène-le-moi simplement.

Marica explosa de rire, tandis que le jeune garçon ouvrait de grands yeux. Il partit, toujours dans les bras de son aînée, et Marica songea à sa propre famille, inexistante dans sa nouvelle vie… Et Epauline… Elle, avait une famille. Jo aussi, même si elle ne l’enviait pas vraiment. Emeline était gentille, ça c’est sûr, mais Avonie… Le court temps qu’elle l’avait aperçue, elle ne l’avait pas vraiment sentie sympathique. Et Evon… C’était encore pire. Mais maintenant, elle était ici. L’horizon de son avenir défilait devant elle, sous forme de montagnes, de plaines de neige et de ciel couvert.

Liberté.

Chapitre 25
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