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Eden's words

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Lecteur amateur ou confirmé, écrivain en herbe ou expérimenté, ce blog est pour vous! Partagez vos lectures, vos avis ou vos écrits avec d'autres personnes!


The Cross, chapitres 8 et 9

Publié par Emma et Gabrielle sur 22 Novembre 2014, 14:20pm

Catégories : #The Cross

Salut à tous !

J'ai oublié (encore) de publier la semaine dernière... Et donc je compense avec ces deux chapitres :) Enjoy it ! ^^

8

Never Too Late

Lorsqu'elle me vit, Cimethia fondit sur moi comme un rapace.

– Où étais-tu ?!

Je mis un peu de temps à reprendre mes esprits.

– Bah... Chez Calixte.

Cimethia leva les yeux au ciel.

– Alors ?

– Alors Calixte est bien coupable.

– Ça ne m'étonne pas du tout.

– Et il a pour but de s'évader de The Cross et de partir à la recherche d'une de ses connaissances, qui aurait le pouvoir d'éradiquer la bactérie.

– Et, telle que je te connais, tu vas vouloir partir avec lui, hmm ?

Je hochai la tête nerveusement.

– Tu es bien placée pour savoir que Calixte est profiteur et manipulateur. Fais attention à toi.

Je hochai sombrement la tête.

– Je sais. J'ai un peu peur.

– Il y a de quoi, marmonna Cimethia.

Je détournai la tête.

– Comment va Catalen ?

Le regard de Cimethia s'assombrit. Elle me prit par le poignet et m'entraîna dans un coin de la maison.

– Je me suis aperçue que l'infirmerie ne faisait même pas attention à elle. Je l'ai ramenée à la maison, et elle ne va franchement pas bien. Sa fièvre empire.

– Et ses blessures ?

– Cicatrisent très mal.

J'entrai sans faire de bruit dans la chambre.

Catalen était allongée dans son lit, sous une pile de duvets, le visage fermé, inconsciente. La petite croix qu'elle portait au bout d'une de ses nattes reposait sur son épaule, à côté de petites plumes sombres. Elle respirait difficilement, et de grosses perles de sueur roulaient le long de ses tempes.

– Elle est malade... ?

Cimethia hocha la tête.

– Et elle a besoin de repos. Allez, dehors.

Elle me prit par la main et m'arracha à la contemplation de Catalen. Elle referma la porte derrière moi. Je restai plusieurs secondes à fixer la porte de bois verni.

– Et tu retournes chez Calixte après manger ?

Je hochai la tête.

– Vous comptez partir quand ?

– Le plus tôt possible. Il compte m'expliquer ce soir.

– Aucun risque, rigola Cimethia. Il va te dire quelque chose comme « demain, dix heures » et le reste de la soirée, vous allez le passer à causer de tout et n'importe quoi.

Je haussai les épaules.

– Assez causé, mets-moi la table.

– Je te redirai tout demain...

– Si tu apprends quelque chose.

* * *

Aux alentours de vingt heures, je sortis et laissai Cimethia pour rejoindre Calixte.

Cette fois-ci, je ne pris pas la peine de frapper et entrai. J'abandonnai mes chaussures à côté de la porte.

Étonnée de ne pas entendre Calixte beugler, je m'approchai de son fauteuil. Voyant qu'il était absent, je fis le tour de toute la maison, ouvrit les portes une par une. Je n'avais jamais vraiment visité sa maison, et entreprit une petite visite. Je finis par le trouver, à la dernière porte du couloir.

Il était visiblement dans sa chambre. Murs blancs couverts d'inscriptions noires et de posters, meubles aux formes géométriques et simples.

Calixte était affalé sur son lit. le regard perdu vers une petite télévision qui diffusait un film d'horreur auquel il ne semblait porter aucun intérêt.

Et il n'était vêtu que d'un jean noir déchiré.

Je m'approchai et m'assis sur le lit.

– Tu pourrais mettre un t-shirt quand tu sais que je viens.

– Tout était calculé, répondit Calixte. En plus, tu sais bien que je ne mets presque jamais de t-shirt. Surtout quand tu es dans le coin.

Il tendit un bras, et je me réfugiai contre son épaule.

– Tu vois que ça te plaît quand je ne porte pas de t-shirt, se moqua Calixte.

Et il n'avait pas tort...

– Tu m'exaspères...

– Je vois ça.

Je regardai le film quelques secondes.

– Bon, tu m'expliques ?

Calixte se redressa un peu, et me regarda d'un air narquois.

– Quoi, déjà ?

– Je suis un peu venue pour ça...

Calixte leva l'index et me gratifia d'un gratifia d'un grand sourire.

– Non, tu es venue pour que je te gardes dans mes bras et nous parlions de tout et de n'importe quoi jusqu'à trois heures du matin.

En fin de compte, Cimethia n'avait pas tort.

– Profiteur...

– Je sais... murmura-t-il à mon oreille.

Je lui fis un petit sourire en coin, et me blottit contre son épaule.

– Ash, j'aimerais te poser une question.

– Tu m'en poses beaucoup, des questions, en ce moment.

– Je dois prendre ça pour un oui ?

Je hochai la tête.

– Est-ce que tu m'a détesté pendant dix ans ?

Prise de cours, je me redressai et le regardai dans les yeux.

– Je ne sais pas si tu as envie de connaître la réponse, murmurai-je.

Il prit une mèche de mes cheveux et se mit à jouer avec en attendant ma réponse.

– Regarde-moi, s'il te plaît...

Il tourna la tête, j'enlevai ma tête de son épaule, et lui fit face.

– Oui, je t'ai détesté pendant dix ans.

Il haussa un sourcil, et son sourire disparut subitement.

– Je m'en doutais...

Il détourna la tête. Atterrée, je me rapprochai de lui, et posai une main sur sa joue.

Il n'était plus maquillé, et c'était amusant de le voir ainsi. En d'autres circonstances, je lui aurait fait remarquer, mais à, le cœur n'y était pas.

– Cal, je suis désolée...

– C'est bon, ça va.

Je ne l'avais jamais vu comme cela, et je commençai à me détester de lui avoir répondu ainsi.

– Cal ! Je t'aime.

Il tourna la tête vers moi, un sourcil haussé, mais sans une once de sourire.

– Autant qu'avant.

Il me regarda avec un regard sombre, et lâcha :

– Prouve-le.

– Quoi ? demandai-je, prise au dépourvu. Tu veux que je t'embrasse ? risquai-je.

– Si t'as pas envie, tant pis, hein.

– Si ça peut te prouver que je ne déteste plus le moins du monde, je n'hésiterai pas une seconde.

Calixte me regarda avec un air de défi.

Je me rapprochai un peu plus. Lorsque que nos visages ne furent plus qu'à quelques centimètres, un immense sourire s’étala sur son visage.

– Tu m'as cru ?

Il me repoussa gentiment.

– Mais arrête de flipper comme ça ! Je m'attendais à ta réponse, je l'accepte. Elle est toute à fait justifiable.

Je le regardai, les yeux grands ouverts. Il se redressa, et ouvrit le bras.

– Au fait, moi aussi je t'aime.

J'hésitai une seconde, et m'approchai timidement. Il rigola, m’attrapa le poignet et m'attira contre lui.

– Fais pas ta timide.

Je restai le nez niché dans son cou pendant de nombreuses secondes.

– Tu es incorrigible...

– C'est pour ça que tu m'aimes ?

Je me reculai, avec un sourire mutin.

– Qui t'a dit que je t'aimais ?

– Casse-toi de mon lit !

J'éclatai de rire, m'échappai de son étreinte et m'enfuis de la chambre, embarquant au passage la télécommande de la télévision.

Rends-la moi ! hurla Calixte, avant de se lever à son tour et de me prendre en course.

Je détalai dans le couloir et cherchai où me cacher. Je finis par jeter mon dévolu sur la porte du salon, et me cachai derrière.

ASHLEEEEEE !! brailla Calixte.

Il ne mit que quelques secondes à me trouver, et m'arracha la télécommande des mains.

– Ce soir, tu dors par terre !

– Mais j'en avais l'intention...

– C'est ça, fous-toi de moi !

Je lui fis un sourire dents-blanches, et sortit de la pièce. Je retournai dans sa chambre, et m'effondrai sur son lit. Il entra peu de temps après, et abandonna la télécommande sur une tablette cubique, à côté de moi.

– Nan mais sérieusement, Ash, t'as quel âge... ?

Je redressai la tête pour le regarder.

– Deux ans de moins que toi...

Calixte soupira et s'allongea à côté de moi.

– Tu me parles un peu de l'évasion ?

– T'es pressée à ce point-là ?

– Si tu m'en parles pas maintenant, tu m'en parleras jamais. Et il en va de ta vie, quand même.

– Ah, oui, j'avais oublié...

Je soupirai.

– On part demain, dans la soirée, avec toi et Dwight.

Je fronçai les sourcils.

– Dwight ?!

– Eh oui, va pas croire que c'est une escapade en amoureux... Dwight vient mon bras-droit, et quoi que tu dises, il vient avec nous.

Je me retournai et m'appuyai sur les coudes.

– Et si je te supplie ?

– Même si tu me supplies.

Je me renfrognai.

– Mais je ne l'aime pas, moi. Il va encore parler de mes différences.

– Je suis bien désolé, mais très honnêtement, il me sera d'une plus grande utilité que toi.

– Ça peut se comprendre, tu ne m'as absolument rien dit sur ce que tu as fait.

– Je t'expliquerai, un jour... Bon, on en était où, avant que tu ne changes de sujet ?

– Je ne sais plus...

– On regarde un film ?

Je lui lançai un regard interrogateur.

– Après, tu n'auras plus de télé avant plusieurs mois...

– Je sais vivre sans...

– On s'en fout ! Fais pas ta rabat-joie, tu comprends pas que je ne veux pas regarder un film, je veux regarder une film avec toi ?

– Tu vas encore en profiter...

– Bon, tu viens ?

Je me rapprochai de lui, et il passa un bras autour de mes épaules.

– Cal ?

– Hmm ?

– Tu ne trouves pas qu'on fait plus couple que meilleurs amis ?

Calixte haussa les épaules.

– Qui te dit que ce n'est pas l'effet recherché ?

– T'es bête... Et arrête, avec ton sourire faux-cul !

– Estime-toi heureuse, il n'y a à peu près qu'à toi que je souris.

– Je sais...

Calixte se tut un moment, et articula d'une voix dangereusement basse.

– Elle est où, ma télécommande ?

Il me regarda, désapprobateur.

– Ashleeeeee..., gronda-t-il. Rends-la moi !

Je souris de toutes mes dents, très fière de moi.

– Supplie-moi !

– Je te préviens, je n'hésiterai pas à te fouiller.

– Rêve toujours !

– Enlève ton t-shirt !

– Va te faire !

Je boutonnai ma chemise jusqu'en haut et croisai les bras sur ma poitrine.

– Bonjour la confiance, marmonna Calixte.

– J'ai mes raisons.

– C'est ça, ouais. Rends-la moi, maintenant.

– Non, supplie-moi.

– Tu sais que je n'hésiterai pas à faire ce que tu n'as pas fait...

– Je sais bien, soupirai-je.

– S'il te plaît ?

– Hmm.

– S'il te plaît, ma petite Ashlee ?

– Tu fais gnangnan, c'est pas ton genre.

Il soupira, et se redressa. J'enlevai ma tête de son épaule, et il s'assit en tailleur, en face de moi. Il passa une main dans mon cou. Rapidement, je jetai un coup d'œil au nombre impressionnant de tatouages qui badigeonnaient son bras.

– C'est ça que tu veux ?

– En fait, je ne sais pas vraiment...

– Je dois prendre ça pour un oui ?

Sans attendre ma réponse, il s'approcha un peu plus, glissa sa main dans ma nuque. Une esquisse de sourire sur les lèvres, ses yeux d'un noir impénétrable étaient plongés dans les miens. Ma lèvre inférieure trembla.

Nos visages n'avaient jamais été aussi proches.

Je pouvais sentir son souffle chaud dans le creux de mon cou, détailler chacun de ses longs cils sombres, sonder le fond de son œil, dont la pupille se confondait avec l'iris.

J'effleurai du bout des doigts la ligne horizontale, sous son œil droit.

Il m'attira un peu plus, doucement, et ses lèvres frôlèrent, une fraction de seconde, les miennes.

Un éclair me passa dans la tête, et je me dégageai vivement, les joues brûlantes et le cœur battant à tout rompre.

– Je... Désolée...

Il laissa tomber sa main de ma nuque.

– Dommage, souffla-t-il.

– Je suis vraiment désolée... Excuse-moi.

Il enveloppa mes mains dans les siennes, et sourit.

– C'est à moi de m'excuser. Je suis peut-être trop hâtif.

Gênée, je détournai le regard, et regardai ses longs doigts doux. Il avait de belles mains. J'entrecroisai mes doigts dans les siens.

– J'aime bien tes mains...

– Si tu n'aimes que ça chez moi, tu peux le dire tout de suite...

Je ris doucement.

– Non, t'inquiètes pas...

Il libéra sa main droite et la posa sur ma joue.

La chaleur de sa peau contre la mienne le réconfort et la délicieuse sensation de sécurité qui m'avaient tant manquées pendant dix ans.

– Bref, je t'ai suppliée, j'ai même failli t'embrasser, tu vas peut-être me la donner, ma télécommande, hmm ?

J'éclatai de rire, et me penchai contre le bord du lit, pour attraper l'objet, posé à côté du pied du lit.

– Ça aurait été plus drôle si tu l'avais mise dans ton t-shirt.

– Peut-être, mais je te sais capable de me fouiller, donc je fais attention, tu comprends ?

– Ça devient de plus en plus net, tu n'as vraiment pas confiance en moi.

– J'ai confiance en toi quand tu ne penses pas à me déshabiller ! rétorquai-je.

Je tombai en arrière et posai ma tête sur ses genoux.

– Tu te rappelles d'avant ?

– Et comment, répondit Calixte, le regard perdu dans le vague.

– Tu te rappelles quand tu m'avais emmenée à la nuit des étoiles ?

Calixte soupira en souriant.

– Oui, même que je m'en foutais des étoiles...

– Et que tu aimais les churros...

Calixte éclata de rire.

– Ah oui, c'est vrai...

– Tu m'y remmènera, un jour ?

– Ouais...

Cette soirée s'acheva très tard dans la nuit. Nous avons discuté de tout, de rien, du passé, du présent, du futur. Nous nous sommes chamaillés, réconciliés. Nous avons ri et soupiré. Aucun de nous ne faisait attention au film, l'un perdu dans le regard de l'autre.

Je me rappelle de la dernière scène que nous avons passé ensemble, il y a dix ans, avant notre « séparation ». C'était une nuit de juillet, le 24 pour être précise. Nous étions allongés dans l'herbe, le nez vers les étoiles, et on se tenait la main.

Puis, plus rien. Comme ça, du jour au lendemain.

J'en ai voulu à Calixte, bien sûr.

Mais surtout à moi...

J'en ai voulu à la Terre entière de me l'avoir arraché.

Aujourd'hui, je suis consciente d'avoir retrouvé mon meilleur ami.

Et peut-être même un peu plus ?

Et ma grande peur était de le perdre de nouveau.

Il était clair que l'aimais profondément.

Alors, pourquoi continuai-je de le rejeter ?

Alors que nous ne demandions qu'à nous aimer ?

9

The End Is Where We Begin

DEBOUUUUUUUT !!!

Je me réveillai en sursaut, échappant un cri. Je reçus un coup d'un objet mou sur le visage, probablement un oreiller. Je me redressai, et regardai un énorme oreiller tomber sur mes genoux. A coté de moi, Calixte me regardait, hilare, un immense sourire étalé sur le visage.

Et toujours torse nu.

– Calixte, t'as quel âge ? marmonnai-je d'une voix ensommeillée.

– Deux ans de plus que toi, brailla-t-il avant de détaler dans le couloir.

Je me relevai, le dos cassé. J'avais dormi dans le canapé du salon. J'empoignai l'oreiller, ajustait mon jogging et me lançai à la poursuite de Calixte.

Je tentai de rentrer dans sa chambre, mais la porte était verrouillée.

– Cal ? T'es là ?

Je me penchai pour regarder par la serrure, lorsque je reçus un coup dans la nuque, accompagné d'un éclat de rire.

– Espèce de taré !

Il me tira la langue. Dès qu'il eut le dos tourné, je levai mon bras armé. En une fraction de seconde, il se retourna, saisit mon poignet armé qu'il ramena contre ma hanche, et appuya sur mon épaule opposée de son autre main. Je me trouvai une fois de plus sans défense, plaquée contre le mur, son corps à quelques centimètres du mien.

– Je te croyais plus défensive...

– Mais je ne me défend pas trop mal en baston !

– Hmm, ça se voit, la dernière fois, tu t'es bien fait rétamer.

– J'étais soûle !

– Et là, tu vas me sortir quoi comme excuse ?

– Je ne me défend pas parce que c'est toi !

– T'es mignonne. Ma pauvre petite, j'ai connu bien pire qu'une Ashlee armée d'un oreiller.

Je haussai les épaules.

– Tu ne veux toujours pas m'embrasser ? murmura-t-il avec un sourire mutin. On est bien partis, là.

– Cal, on est quel jour ?

– Mardi, pourquoi ? demanda-t-il, indécis.

– Je veux dire, quelle date ?

Je libérai mes poignets et passai mes mains derrière sa nuque.

– Le 19 mai...

Je fis un rapide calcul.

– Il nous reste soixante-sept jours avant le 24 juillet, murmurai-je. Tu peux attendre ?

Lorsque Calixte comprit, son visage s'illumina. Il me sourit doucement, et ses mains coulissèrent jusqu'à mes hanches.

– Tu n'as pas oublié ?

– Le 24 juillet, jour pour jour. Je ne me suis pas arrêtée de compter, en pensant que tu ne t'en rappellerait jamais.

Il m'attira contre lui.

– Je n'aurais jamais pu oublier cela...

Je me blottis dans l'espace réconfortant de ses bras.

– Tu comprends pourquoi la présence de Dwight me dérange ?

– Je comprends parfaitement, souffla Calixte. Ne t'inquiètes pas, on trouvera un moyen de s'éloigner. On ne lui en parle pas ?

Je levai la tête et suivit les lignes tatouées sur son visage de la pulpe des doigts.

– C'est notre secret.

Une main toujours posée sur ma hanche, il posa une main sur ma joue.

– Tu sais, c'est la première fois que je te vois comme ça, soufflai-je.

Calixte me fit un sourire en coin, accompagné d'un sourire haussé.

– Quoi ? Torse nu ? C'est pas la première fois, mais bon, si ça te plaît...

– Non, dis-je en riant. Je veux dire sans maquillage, sans rien dans tes cheveux...

Calixte éclata de rire. Ses longs cheveux lui tombaient à hauteur de ses clavicules, sans rien altérer à sa beauté.

– Et il faut que je retrouve Aislinn et Lowell, dis-je, un petit moment plus tard.

Calixte me regarda, étonné.

– Qui ?

– Ben... Ceux qui m'ont tabassée, répondis-je, en me rendant compte que Calixte n'était absolument pas au courant de leur nom.

Calixte rit franchement.

– Tu rigoles ? Avec deux côtes en moins, une entorse et une armée de bleus ?

Je hochai la tête.

– T'as vu comme tu me fais courir ? Je suis entraînée...

– Bon, vas-y si ça peut te faire plaisir, mais s'ils touchent un cheveu de ta petite tête de mule, ils vont vite comprendre leur vie.

– Ouais, c'est ça. Bon, je vais squatter ta salle de bains. Et fais pas l'innocent, donne-moi la clé.

* * *

Je repassai à la maison aux alentours de neuf heures. J'y retrouvai Cimethia, et lui expliquai ce que j'avais compris.

– On part ce soir, avec Dwight. On devrait revenir dans quelques mois.

– Et ?

– Bah... C'est tout.

Cimethia ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes.

– Il ne t'a vraiment rien dit de plus ?

– Non...

– Mais vous avez fait quoi ?

– Euh... Rien...

– Ouais, mon œil.

Un peu gênée, je détournai le regard.

– Et... euh... On en a aussi un peu parlé... Vu qu'il sera parti, on aimerait bien que tu prennes sa place à la tête du Conseil.

Cimethia haussa un sourcil.

– « On » ?

– Oui, enfin surtout moi. Lui pense que tu en es capable.

– Peut-être, mais c'est moi qui devrai lancer les troupes à vos trousses pour vous faire exécuter.

– Et c'est toi qui pourra les ralentir et les envoyer dans la direction opposée. Le reste, c'est à nous de nous débrouiller. Calixte et Dwight sont des champions dans cette discipline.

Scpetique, Cimethia me dévisagea quelques secondes, les mains sur les hanches.

– Je ne fais pas partie du Conseil.

– Calixte va t'y nommer. Après tout, il fait ce qu'il veut, c'est le chef. Et tu as la formation nécessaire, tu as passé l'examen d'entrée dans l'unité.

Cimethia marmonna quelque chose que je ne saisis pas. Je décidai de changer de sujet.

– Je vais aller retrouver Aislinn et Lowell, fis-je en me baissant pour refaire mes lacets.

– Tu y vas accompagnée, j'espère ?

– Oui, avec Cal.

– Je viens. J'ai deux mots à leur dire, moi aussi.

Je souris, et attrappai mon couteau.

* * *

Ashlee se battait.

Ou plutôt, elle dançait...

Une danse mortelle.

Elle se baissait, décochait un coup de pied fulgurant, frappait du plat de la main, envoyait un coup de coude, esquivait, se replaçait, feintait et recommençait.

Rapide, précise.

Acérée. Elle ne manipulait pas les armes...

Elle était l'arme.

Elle virvoltait, il semblait impossible de la toucher. On ne pouvait même plus parler de vitesse.

Elle se battait autant à mains nues qu'à l'arme blanche.

Elle avait mis ses deux adversaires par terre en moins de dix minutes.

Et dans ses yeux verts brillait le feu de la victoire.

Elle s'était débarassée de sa chemise, et de dos, on apercevait ses muscles fins rouler sous sa peau dorée par le soleil. Ses très longs cheveux châtains-roux ondulaient doucement jusqu'au milieu de son dos.

Elle possédait une certaine grâce sauvage.

Elle ne souriait pas.

Son visage était cependant détendu, mais fier.

Elle attendit quelques secondes, et se retourna.

Elle ne vit pas le danger arriver à toute vitesse.

Lowell avait saisi sa cheville avec les dernières forces qu'il lui restait, et lui tordit d'un coup sec.

Elle s'éffondra sans un cri.

Calixte et Cimethia, restés en retrait, poussèrent un cri et se ruèrent en avant. Cimethia écrasa les doigts de Lowell d'un coup de talon, et Calixte avait accourru auprès d'Ashlee, l'aidant à se relever. Elle prit appui sur son épaule, tandis qu'il envoyait un coup de pied violent à Lowell. La jeune femme ramassa le couteau d'Ashlee et ils s'éloignèrent.

* * *

– Tu t'es bien battue...

Je levai la tête.

– Merci.

– Ta cheville va bien ?

– Il me l'a tordu sur l'entorse que j'avais déjà avant... Mais ça va, j'ai moins mal.

– Tu es sûre ?

Calixte s'approcha de moi et appliqua une compresse sur mon épaule.

– Je ne savais pas que tu savais que tu savais aussi bien te battre, remarqua Cimethia.

– J'ai appris plus ou moins toute seule...

– C'est ce que j'ai cru comprendre...

– En fait, je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de prouver ce que je savais faire jusqu'à aujourd'hui. La plupart des adversaires à The Cross sont médiocres. Ces deux-là étaient à ma hauteur.

– Ça se voit, marmonna Calixte. Une entorse juste avant de partir, t'aurais pu faire gaffe quand même.

Je lui décochai un coup de pied de ma jambe valide, qu'il évita lestement.

– C'est pas grave, t'auras qu'à me porter.

– C'est ça, bien sûr.

– Ça fait du bien de vous revoir aussi complices, sourit Cimethia en tirant une chaise pour s'asseoir.

– Ça nous fait à nous aussi... Enfin, surtout à celle qui martyrise l'autre, ajouta-t-il avec un regard entendu.

Je fis semblant de ne pas avoir remarqué, et ajoutai-je :

– Et ça fait du bien de vous voir dans la même pièce sans vous entretuer.

– T'en fais pas, on s'est déjà assassinés trois fois par télépathie, bougonna Cimethia.

– Hmm, je pensais à la même chose, nota Calixte. Tu peux marcher ?

– Mais oui...

Il me rendit ma chemise, que j'enfilai en faisant attention à la compresse sur mon épaule.

– J'ai préparé un sac, dis-je. Faudra que j'aille le chercher avant de partir.

Aucun ne releva.

– Où est Dwight ?

– Il devrait arriver dans une heure.

– Tu dois vraiment être dégoûtée, se moqua Cimethia.

Je pinçai les lères.

– Plus ou moins...

Calixte me dit un discret sourire en coin.

* * *

Cimethia nous accompagna jusqu'au terrain vague où nous devions partir. Juste avant de partir, Calixte s'était rendu à notre quartier général, et avait déposé la lettre signée de sa main indiquant qu'il nommait Cimethia comme chef par intérim. Sa demande avait été acceptée par le Conseil, quoique certains membres étaient quelque peu suspicieux.

Dwight nous attendait là-bas. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu – il fallait dire que je ne m'en souciait pas vraiment. Dwight était l'adjoint de Calixte au Conseil, son bras-droit en quelque sorte.

Il avait quelques années de plus que Calixte, était un peu plus grand en taille, les cheveux beaucoup plus courts, qui donnaient l'impression qu'il utilisait un pot de gel chaque matin ; les yeux noirs légèrement bridés, le profil droit. Contrairement à Calixte, il n'était pas couvert de tatouages, et sa seule excentricité était une ligne fine horizontale qui joignait ses deux oreilles, en passant sous ses yeux et sur son nez, et une petite boucle d'oreille. Il portait simplement un t-shirt gris serré, un jean noir et des baskets. Il me regarda très brièvement, sans un mot, sans un sourire.

Cimethia me prit par le bras et m'entraîna un peu plus loin.

– Il a changé, Dwight...

Je hochai la tête.

– Seulement physiquement, apparement il a gardé son caractère pourri.

Elle haussa les épaules avec un petit sourire.

– Je vais faire mon possible pour vous couvrir, mais je te préviens, si vous êtes arrêtés, je crois que je ne pourrais plus rien faire pour vous.

– Ne t'inquiètes pas, on ne se fera pas arrêter, dis-je en souriant.

– Et est-ce que tu es sûre que ce voyage pourra prouver l'innocence de Calixte ?

– Bien sûr, dis-je. Ils ont besoin de preuves « fraîches », donc pas de malade... pas de preuve.

Cimethia sourit faiblement.

– Bon voyage... Je veillerai sur Catalen.

Je la prit par les épaules et la serrai dans mes bras.

– Merci, merci pour tout...

Elle se dégagea doucement.

– Ne t'en fais pas, c'est naturel. Allez, vas-y, il y en a un qui t'attend et qui t'aime, là-bas. Et surtout, ne te retourne pas.

– Merci... Bon courage.

La gorge nouée, je pris une longue inspiration, prit mon sac, et marchai vers Calixte et Dwight, en tentant de ne pas me retourner. J'avais mal à la gorge, et je sentais les larmes me piquer les yeux.

Lorsque j'arrivai à sa hauteur, Calixte lâcha son sac, et me prit brièvement dans ses bras.

– Bon, c'est bientôt fini ? râla Dwightd'une voix traînante.

– Tu le vois, celui-là ? demandai-je avec un doigt d'honneur et un regard noir.

Calixte ramassa son sac, et nous sortîmes par le trou dans la clotûre.

– Ça va, ta cheville ? demanda Calixte.

– T'en fais pas pour moi, je suis solide.

Nous franchîmes la barrière de ronces et nous retrouvâmes à l'air libre, sur un autre terrain vague, qui nous séparait de la ville par une vieille barrière qui tombait en ruines.

– Ce n'est pas la première fois que tu passes par la là, je présume ?

– Tu ne t'imagines pas le nombre de fois que j'ai bien pu la voir, cette barrière, dis-je en l'enjambant.

Heureusement pour nous, il n'y avait personne dans la rue.

– On ne risque pas de passer inaperçus avec ta copine, râla Dwight. Je ne sais pas ce qui t'a prit de l'emmener. Elle n'est même pas normale...

Mes mains se mirent à trembler, une bouffée de colère noire m'envahit.

Je vis le regard inquiet de Calixte passer de Dwight à moi, puis de moi à Dwight.

– Cal, on peut retourner sur le terrain quelques minutes ?

– Je me trompe, ou c'est plus un ordre qu'une demande ?

– S'il te plaît.

Il hocha la tête.

– Fais-toi plaisir. Mais fais gaffe, j'en ai un peu besoin.

Je me retournai sur le terrain vague, suivie des deux autres. Lorsque Dwight arriva à ma hauteur, Calixte s'éloigna de quelques pas. De ma cheville valide, je lui décochai un violent coup de pied sous la poitrine.

Et je ne me gênai pas pour y mettre tout mon cœur.

Dwight émit un grognement et se tordit en deux, le souffle coupé.

J'en profitai pour sortir mon couteau et lui plaçai en travers de la gorge.

– Écoute, toi.

Il ne daigna pas me regarder.

– Oui, je suis différente. C'est vrai que je suis différente, mais des remarques comme cela, tu n'as pas le droit d'en faire. Je ne suis pas un monstre, juste une fille normale qui s'assume. Donc, la prochaine fois que tu commentes sur mon physique, il y a des chances pour que mon couteau dérape plus ou moins volontairement, plus ou moins en direction de ta gorge, c'est clair ?

Je le lâchai, et fit un pas en arrière. Dwight se releva doucement, et tira son propre couteau.

– La gamine cherche la baston ? Elle va l'avoir.

Il s'avança vers moi, le poing serré.

Et c'est à ce moment que Calixte intervint. Il se mit entre nous, et articula d'une voix basse et dangereusement calme.

– Ash, c'est bon.

Je m'apprêtai à rétorquer,lorsqu'il se retourna vers Dwight.

– Elle est comme nous. Sois gentil, et ne la traite pas comme un être inférieur.

Il marqua une pause.

– C'est bon, vous êtes calmés ? Bon, on y va.

Il s'éloigna, et après un ultime regard noir, nous lui emboîtâmes le pas. Je regardai mon couteau.

Lame fine, et pourtant dangeureuse, manche tout aussi fin. Ce n'était qu'un couteau de cuisine tout simple, pas très grand, que j'avais depuis des années. Je me rendis compte que Calixte en avait non seulement changé la garde, mais il avait aussi affûté. Il était désormais aussi acéré que la lame d'un rasoir.

Je le rangeai dans son étui que je conservai dans une poche de mon sac, et m'approchai de Calixte.

– Cal, c'est qui le mec qui pourra t'aider ?

– C'est un professeur qui vit dans les montagnes, au nord. Je ne pense pas que tu le connaisses.

En deux heures, nous avions quitté la ville. Je jetai un coup d'œil en arrière, mais les palissades de The Cross n'étaient plus visibles.

* * *

Le visage de Calixte était faiblement éclairé par le feu. Il faisait nuit noire, il devait être presque minuit.

Nous étions à quelques kilomètres de notre ville d'origine, en pleine campagne, derrière une vieille usine désaffectée.

Je regardai les flammes danser, projetant des ombres inquiétantes sur le sol et les murs.

Dwight était parti à l'écart. J'avais sorti une couverture de mon sac, et finit par m'allonger dans l'herbe.

– Cal ?

– Hmm ?

– Tu viens vers moi ?

– Il nous reste soixante-six jours, tu sais...

Je ris doucement.

– Je parlais pas de ça...

Je l'entendis se lever et s'allonger à côté de moi.

– Dis, il est tout le temps comme ça, Dwight ?

– J'imaginais quelque chose d'un poil plus romantique, marmonna-t-il.

Je pris son poignet, le fit passer par dessus mon épaule et posai ma tête contre son torse.

– Non, il n'est pas toujours comme cela. Il a une autre personnalité qu'il ne réserve qu'à ceux qu'il connaît vraiment.

– Comme toi ?

– Ouais, comme moi.

– Tu crois qu'il va finir par m'apprécier, un jour ?

– Tu ne fais pas beaucoup d'efforts, en même temps...

Je ris doucement.

– Et toi, tu vas finir par m'apprécier, un jour ?

– C'est une façon implicite de me demander si je t'aime ?

– Hmm... Plus ou moins.

Il passa la main dans mes cheveux.

– Bien sûr que je t'aime...

Ses paroles furent suivies d'une longue pause. Ce fut lui qui rompit le silence.

– Demain, on va joindre un port, et on va aller sur l'autre continent.

– Wow... Tu veux dire... vraiment ? Mais c'est super loin !

– Je sais, on va passer plusieurs jours sur le bateau. Il y aura sûrement d'autres familles avec nous.

Je ris et promenai mes doigts le long des lignes tatouées sur son visage.

– On peut faire « couple », moi je dis que ça passe, murmura Calixte en souriant.

– Oui, et Dwight, c'est notre gamin ?

Calixte rit dans le noir.

– Si tu veux...

Je soupirai et fermai les yeux.

– Ça va être long, soixante-six jours...

Calixte prit mes mains entre les siennes.

– Je t'aurais bien proposé d'avancer la date, mais j'y tiens autant qu'à toi.

J'acquiesçai en silence.

– Cal, peut-être qui si on dort plus longtemps, le temps passera plus vite?

– Si c'est ton point de vue...

Je m'écartai de son épaule et me roulai en boule dans ma couverture.

Je tâtonnai dans le noir et trouvai la main de Calixte, dans laquelle je glissai mes doigts.

* * *

Nous fûmes réveillés le matin par le soleil de l'aurore, vite accompagné d'une chaleur écrasante. Je m'assis pour regarder autour de moi. J'attrappai une bouteille d'eau dans mon sac et but quelques gorgées, avant de la proposer à Calixte.

– J'aimerais bien changer de t-shirt. J'en ai pris un deuxième...

Calixte leva la tête, un sourcil haussé.

– Tu sais, Ash, je pense que ce ne devrait pas être un souci primordial de changer de vêtements tous les jours. On voyage, là... Change toutes les semaines, ce sera déjà plus approprié à la situation.

Je marquai une pause.

– On pourra s'arrêter à un point d'eau ? Il faudrait que je lave tout ça.

– Tu sais, si tu es vraiment attachée à ton t-shirt, vas-y, change-toi. Je te regarde.

Je levai les yeux au ciel, et finis par nouer ma chemise autour de ma taille. Malgré le fait que j'aie emporté un change, cela me gênait quelque peu de passer plusieurs jours et plusieurs nuits dans les mêmes habits.

Dwight nous rejoignit quelques minutes plus tard. Sans nous saluer, il s'assit à notre opposé, à côté du foyer éteint.

– Bon, lâcha Calixte. Je vais me maquiller, et on y va.

Je le regardai, indécise.

– Bah quoi ? Tu croyais que c'était naturel ?

– Mais t'es une vraie fille... Et tu veux pas que je change de t-shirt ?

Il me sourit de toutes ses dents, et sortit une petite trousse de son sac. Je le regardai faire, médusée, partagée entre la honte et l'amusement.

Calixte se frotta les yeux, remit ses cheveux en place, enfila sa veste, son écharpe, ses mitaines et laça ses bottes.

– Je n'en crois pas mes yeux... soufflai-je. Même moi, je ne prends pas la peine de me maquiller...

– T'en as pas besoin, t'inquiètes.

– Parce que toi, tu en as besoin ?

Il ne répondit pas, et nous nous remîmes en marche.

Nous arrivâmes à une petite ville aux alentours de huit heures. Nous déjeunâmes rapidement dans un petit café.

– Il faudra encore marcher quelques heures pour arriver à la mer. On ne pourra embarquer que demain.

Dans la journée, nous achetâmes de la nourriture aux supermarchés et continuâmes notre route.

– D'où provient tout cet argent ? demandai-je à Calixte.

– J'ai pris soin de retirer de l'argent de mon compte avant de partir. On peut se faire remarquer si l'on utilise des cartes de crédit, ou des portables... Je conserve du liquide là-dedans, ajouta-t-il en désignant son sac à dos.

La journée passa assez vite, et sans encombre. Nous décidâmes de passer la nuit dans un parc public, après la fermeture des pores.

Dwight était parti à l'écart, comme à son habitude.

Nous nous endormîmes aux alentours de minuit, alors que la lune était déjà haute dans le ciel.

Calixte prit ma main, et murmura :

– Soixante-cinq jours.

Titres :

8 - Never Too Late, de Three Days Grace

9 - The End Is Where We Begin, Thousand Foot Krutch

Merci de votre lecture !

-Emma ;)

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